L'enfant de sable: idées de lecture

« Un best-seller à lire ou relire » : L’enfant de sable de Tahar Ben Jelloun.

Petit reportage de 2017 dans l’émission du Télé Matin de France 2, « Un best-seller à lire ou relire » : L’enfant de sable de Tahar Ben Jelloun.

Un récit labyrinthique d’une cruauté intense et insoutenable qui pousse à la réflexion sur les problèmes d’identité et qui bouleverse les émotions.

Tiré d’un fait réel mais traité comme un conte philosophique, L’enfant de sable est l’histoire d’une quête de soi. Un roman qui apparaît comme une œuvre énigmatique. 

À Marrakech, Zahra est la huitième fille de sa famille et pour ne pas déshonorer son nom et pour avoir un héritier mâle à tout prix, son père, Hadj Ahmed, en fera un garçon : « L’enfant à naître sera un mâle même si c’est une fille ! ». La mère se laissera convaincre et elle va accepter de devenir complice du père avec Lalla Radhia, la vieille sage-femme qui partagera le secret avec eux. Zahra deviendra donc Ahmed et sera éduquée en homme pour succéder au patriarche. Ahmed sera bénéficié de la considération et des privilèges de l’homme marocain vers le monde extérieur. Mais, comment Ahmed va-t-il grandir ? Comment se construire en homme avec un corps de femme ? Est-il possible de garder le secret pendant toute une vie ?

Ahmed deviendra un être étranger à son propre corps. Il (elle) va recevoir et profiter tout ce que, en tant que femme, il n’aurait jamais pu entrevoir, mais il va souffrir la plus grande des solitudes puisqu’elle devra garder sa féminité secrète. La situation familiale ne sera pas facile et cela aura des conséquences imprévisibles sur notre protagoniste qui descendra aux enfers des mensonges sociaux les plus obstinés.

La misogynie, un point très sensible dans la société arabo-musulmane, est traité dans ce roman où le Coran est aussi très présent. Écrit en 1985, Tahar Ben Jelloun nous présente un Maroc où le patriarcat, entendu comme une forme de vie en société qui donne l’essentiel du pouvoir aux pères, est encore très habituel. En somme, une véritable immersion dans l’atmosphère du pays d’origine de l’auteur.

Malgré la qualité du récit et la beauté de la langue utilisée, avec beaucoup de style, il est vrai que la lecture et le fil conducteur de cette histoire n’est pas facile à suivre.

À ce roman, Tahar Ben Jelloun a donné une suite, « La nuit sacrée », prix Goncourt 1987.

Idées principales

Les idées principales qui s'en détachent au niveau d'étude de l'oeuvre sont les suivantes:

  • Problèmes d’identité dans une société soumise aux règles religieuses. Critique de la société musulmane traditionnelle
  • Le poids de la culture : La condition de la femme (et même de l’homme) dans le monde musulman.
  • La « haine » ou la « honte » sociale : La culpabilité de ne pas pouvoir être qui on veut, sous les critiques des autres.

La misogynie, un point très sensible dans la société arabo-musulmane, est traité dans ce roman où le Coran est aussi très présent. Écrit en 1985, Tahar Ben Jelloun nous présente un Maroc où le patriarcat, entendu comme une forme de vie en société qui donne l’essentiel du pouvoir aux pères, est encore très habituel. En somme, une véritable immersion dans l’atmosphère du pays d’origine de l’auteur.

Les grands thèmes. 

Þ  La recherche de soi : Ahmed, a qui l'on a tracé le destin en usurpant sa propre identité et en falsifiant son sexe, est en quête de vérité. Il est perdu entre un physique de femme et une éducation d'homme avec ce que cela implique dans la tradition musulmane. "Pris en main par le père, il a dû passer des épreuves difficiles. Moment trouble où le corps est perplexe ; en proie au doute, il hésite et marche en tâtonnant." [page 41]. "Je pense que c'est le moment où Ahmed prend conscience de ce qui lui arrive et qu'il traverse une crise profonde. Je l'imagine tiraillé entre l'évolution de son corps et la volonté de son père d'en faire absolument un homme ...".[page 42]. "N'est-ce pas le temps du mensonge, de la mystification ? Suis-je un être ou une image, un corps ou une autorité, une pierre dans un jardin fané ou un arbre rigide ? Dis-moi, qui suis-je ?" [page 50].

Þ  La solitude : à la recherche de lui-même, ou d'eux-mêmes lui et elle, Ahmed s'enferme dans une chambre et se coupe du monde, s'isole au point de ne plus communiquer avec sa famille et plonge dans une profonde solitude pensant que c'est la seule issue pour procéder à la recherche de lui-même, mais aussi pour ne pas  laisser ressortir sa différence face aux autres. Bien que cette solitude ne soit que passagère elle n'en demeure pas moins très profonde. "Il faut bien que de ma solitude vous soyez plus que le confident, le témoin. Elle est mon choix et mon territoire. J'y habite comme une blessure qui loge dans le corps et rejette toute cicatrisation. Je dis que je l'habite mais à bien réfléchir c'est la solitude, avec ses effrois, ses silences pesants et ses vides envahissants, qui m'a élu territoire, comme demeure paisible où le bonheur a le goût de mort." [page 88] "Je pense à l'apprentissage du silence qui se retire de temps à autre pour faire place à l'écho de mes pensées secrètes qui me surprennent par leur étrangeté."[page 95]

Þ  L'exclusion et la soumission des femmes (leur place dans la société musulmane) : L'histoire démarre avec cette exclusion de la femme car Ahmed aurait pu vivre épanouie si hommes et femmes étaient sur pied d'égalité et que le fait de ne donner naissance qu'à des filles n'était pas une honte. Or ce n'est pas le cas ici, et l'on ressent tout au long du livre l'infériorité de la femme qui n'est qu'un corps qui doit obéir, seulement procréatrice se pliant à la volonté de l'homme et ne vivant pas une vie mais n'étant qu'un "pion". "Le père n'avait pas de chance ; il était persuadé qu'une malédiction lointaine et lourde pesait sur sa vie : sur sept naissances, il eut sept filles. [...] Sept, c'était trop, c'était même tragique." [page 17] "Elle était prête à tous les sacrifices et nourrissait des espoirs fous à chaque grossesse." [page 19] "Tu es une femme de bien, épouse soumise, obéissante, mais, au bout de ta septième fille j'ai compris que tu portes en toi une infirmité. Ton ventre ne peut concevoir d'enfant mâle." [page 21] "Etre femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Etre homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie."[page 94]

Þ  La blessure d'un secret refoulé : cette femme transformée en homme par ses parents, les seuls dans le secret, et se trouvant dans l'impossibilité de le révéler, a pendant longtemps réagi avec perversité. Il ressent le besoin de faire souffrir les autres autant que ce qu'il souffre lui-même. "Je ne fais que vous obéir ; toi et mon père, vous m'avez tracé un chemin; je l'ai pris, je l'ai suivi et, par curiosité, je suis allé un peu plus loin et tu sais ce que j'ai découvert ? Tu sais ce qu'il y avait au bout de ce chemin ? Un précipice." [page 52] "Je restais profondément inconsolé, avec un visage qui n'est pas le mien, et un désir que je ne peux nommer." [page 88]

 

 

Poétique de la narration dans L’Enfant de sable.

Poétique de la narration dans L’Enfant de sable.
•Fragmentation et polyphonie.
•Le système de délégation des voix
•La ronde des conteurs (la halqa). Oralité et «oraliture».
•Ébranlement de la fonction de régie.
•Le labyrinthe du texte-ville
•Dénouement ouvert et indécidabilité narrative
•Narrativité et poéticité
•La fonction de l’intertexte (Le Coran, Borgès). Le «tissu culturel»

L'enfant de sable: à la croisée des cultures

Présentation préparée par Alicia Criado pour une petite formation qui a eu lieu à Tolède il y a  quelques jours.

Lenfant de sable alicia criadoLenfant de sable alicia criado

 

 

Les derniers conteurs de la place Jamaa El Fna

Les derniers conteurs de la place Jamaa El Fna

Les rituels décrits par Ben Jelloun dans l'Enfant de sable

Marrakech (Ville du Maroc)

Lecture Extraits 1 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Lecture Extraits 6 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Lecture Extraits 7 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Lecture Extraits 8 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Lecture Extraits 9 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Lecture Extraits 10 de "L'Enfant de sable" de Tahar Ben Jelloun

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Père et fils

Thème : les rapports entre père et fils à travers le roman de Tahar BEN JELLOUN : "L'enfant de sable".

Le drame d'un père - musulman - honteux d'avoir sept filles et aucun garçon ; cette situation pose à la fois un problème d'honneur et un problème d'héritage. Il donne alors à sa dernière fille un éducation de garçon ; elle passera pour un homme. Mais en définitive le père est coupable : il a transformé un destin. Tahar BEN JELLOUN cite Jorge Luis BORGES comme son maître et inspirateur

François-Marie BANIER : "Balthazar, fils de famille": l'histoire d'un enfant qui manque d'amour dans sa famille et va en chercher ailleurs ; il s'ennuie, il cherche à s'amuser ; c'est finalement un enfant-objet. Pourquoi ce livre était nécessaire : pour montrer qu'un enfant, même placé dans des conditions difficiles, peut s'en sortir.

Maurice POLARD : "La saison du maître": la naissance de la foi chez un fils d'instituteur, dans un milieu laïc et hostile à la religion ; pour les catholiques il reste le fils de l'instituteur et n'est pas reçu par eux. Le roman se passe en Bretagne en 1955 ; précisions sur la partie autobiographique du livre.

Vladimir VOLKOFF : "Le professeur d'histoire": la rencontre d'un jeune Américain, très moderne, partisan de la liberté sexuelle etc. avec son père, français, royaliste, catholique, intégriste. Le drame de ce père qui est persuadé d'avoir raté sa paternité ; la tendresse, la pitié et l'ironie à l'oeuvre dans ce personnage de père.

Pierre-Jean REMY : "La vie d'un héros": l'identification délicate d'un fils avec son père, collaborateur mort en Allemagne en 1945, que Rémy qualifie de "salaud doué", qui réussit tout jusque dans le mal absolu ; mais ce livre est aussi un roman initiatique, oscillant entre le bien et le mal. Un livre nourri d'action, de faits, de personnages. Précisions sur la situation de la musique en Allemagne sous le Troisième Reich.

Patrick RENAUDOT : "Un autre amour": un garçon qui n'a pas eu de père et dont la vie a été bouleversée par ce manque ; parmi de multiples déboires : la bisexualité, la guerre d'Algérie, son incapacité à être père lui-même, son mariage accompli dans le seul but de ne pas se faire rejeter ; "Il va chercher à être son propre professeur d'histoire".

 

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